Page:Champollion - Lettres écrites d’Égypte et de Nubie en 1828 et 1829.djvu/179

Cette page a été validée par deux contributeurs.

nous avions vu le temple en remontant : il n’est point sculpté, et partant, d’aucun intérêt pour moi qui ne cherche que les hadjar-maktoub (les pierres écrites), comme disent nos Arabes.

Le soleil levant du 23 nous trouva à Dakkèh, l’ancienne Pselcis. Je courus au temple, et la première inscription hiéroglyphique qui me tomba sous les yeux m’apprit que j’étais dans un lieu saint, dédié à Thoth, seigneur de Pselk : j’accrus ainsi ma carte de Nubie d’un nouveau nom hiéroglyphique de ville, et je pourrais aujourd’hui publier une carte de Nubie avec les noms antiques en caractères sacrés.

Le monument de Dakkèh présente un double intérêt sous le rapport mythologique ; il donne des matériaux infiniment précieux pour comprendre la nature et les attributions de l’être divin que les Égyptiens adoraient sous le nom de Thoth (l’Hermès deux fois grand) ; une série de bas-reliefs m’a offert, en quelque sorte, toutes les transfigurations de ce dieu. Je l’y ai trouvé d’abord (ce qui devait être) en liaison avec Har-hat (le grand Hermès Trismégiste), sa forme primordiale, et dont lui, Thoth, n’est que la dernière transformation, c’est-à-dire son incarnation sur la terre à la suite d’Ammon-Ra et de Mouth incarnés en Osiris et en Isis. Thoth remonte jusqu’à l’Hermès-céleste (Har-Hat), la