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engagée, d’un excellent travail et du temps de Mœris : c’est le reste des édifices primitifs d’Ombos.

Ce n’est que le 4 décembre au matin que le vent voulut bien nous permettre d’arriver à Syène (As-Souan), dernière ville de l’Égypte au sud. J’eus encore là de cuisants regrets à éprouver : les deux temples de l’île d’Éléphantine, que j’allai visiter aussitôt que l’ardeur du soleil fut amortie, ont aussi été démolis : il n’en reste que la place. Il a fallu me contenter d’une porte ruinée, en granit, dédiée au nom d’Alexandre (le fils du conquérant), au dieu d’Éléphantine Chnouphis, et d’une douzaine de Proscynemata (actes d’adoration) hiéroglyphiques gravés sur une vieille muraille ; enfin, de quelques débris pharaoniques épars et employés comme matériaux dans des constructions du temps des Romains. J’avais reconnu le matin ce qui reste du temple de Syène : c’est ce que j’ai vu de plus misérable en sculpture ; mais j’y ai trouvé, pour la première fois, la légende impériale de Nerva, qui n’existe point ailleurs, à ma connaissance. Ce petit temple était dédié aux dieux du pays et de la cataracte, Chnouphis, Saté (Junon) et Anoukis (Vesta).

À Syène, nous avons évacué nos maasch, et fait transporter tout notre bagage dans l’île de