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tées ; le travail est demeuré imparfait, et cela tient peut-être au motif même de la dédicace du temple : Auguste et ses successeurs, qui ont terminé tant de temples commencés par les Lagides, ne pouvaient être très-empressés d’achever celui-ci, monument de la naissance du fils même de Jules-César, roi enfant dont ils ne respectèrent guère les droits. Du reste, un cachef a trouvé fort commode de s’y faire une maison, une basse-cour et un pigeonnier, en masquant et coupant le temple de misérables murs de limon blanchis à la chaux.

Le 28 au soir, nous étions à Esné, avec le projet de ne pas nous y arrêter. Je fis donc faire voile un peu plus au sud, et débarquai sur la rive orientale pour aller voir le temple de Contra-Lato. J’y arrivai trop tard, on l’avait démoli depuis une douzaine de jours, pour renforcer le quai d’Esné, que le Nil menace, et finira par emporter.

De retour au maasch, je le trouvai plein d’eau : heureusement qu’il avait abordé sur un point peu profond, et que, touchant bientôt, il n’avait pu être entièrement coulé à fond. Il fallut le vider, et retourner à Esné le soir même, pour le radouber et faire boucher la voie d’eau. Toutefois nos provisions furent mouillées, nous avons perdu notre sel, notre riz, notre farine de maïs.