Page:Champollion - Lettres écrites d’Égypte et de Nubie en 1828 et 1829.djvu/115

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de plaisir, et ses musiciens eurent aussitôt l’ordre de l’apprendre. (Voyez l’Extrait de l’Itinéraire et les lettres du mamour, à la fin de ce volume.)

Nous partîmes le 13 au matin, comblés des dons du brave Osmanli. À midi, on dépassa Ptolémaïs, où il n’existe plus rien de remarquable. Sur les 4 heures, en longeant le Djebel-el-asserat, nous aperçûmes les premiers crocodiles ; ils étaient 4, couchés sur un îlot de sable, et une foule d’oiseaux circulaient au milieu d’eux. J’ignore si dans le nombre était le Trochilus de notre ami Geoffroi Saint-Hilaire. Peu de temps après nous débarquâmes à Girgé. Le vent était faible le 15, et nous fîmes peu de chemin. Mais nos nouveaux compagnons, les crocodiles, semblaient vouloir nous en dédommager ; j’en comptai 21, groupés sur un même îlot, et une bordée de coups de fusil à balle, tirée d’assez près, n’eut d’autre résultat que de disperser ce conciliabule. Ils se jetèrent au Nil, et nous perdîmes un quart d’heure à désengraver notre maasch qui s’était trop approché de l’îlot.

Le 16 au soir, nous arrivâmes enfin à Dendérah. Il faisait un clair de lune magnifique, et nous n’étions qu’à une heure de distance des temples : pouvions-nous résister à la tentation ? Souper et partir sur-le-champ furent l’affaire d’un instant : seuls et sans guides, mais armés jusqu’aux dents,