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monuments historiques.

rient, leur donner des surnoms ou des titres distinctifs qui auront fini, comme nous en avons tant d’exemples ailleurs, par prévaloir dans l’histoire écrite sur les véritables noms propres, eux-mêmes, les seuls qu’on dût, de toute nécessité, inscrire, sur les monumens publics[1]. Ajoutons aussi que ces surnoms devenaient en quelque sorte indispensables pour distinguer entre eux des princes qui portèrent très-souvent le même nom propre ; et ce besoin dut en particulier se faire sentir relativement aux huit premiers princes de la XVIIIe dynastie, qui tous, d’après les monumens, n’eurent alternativement que deux noms propres, ceux de Thoutmosis et d’Aménoftèp, ou Aménof qui n’en est au fond qu’une simple abréviation.

Cinq de ces mêmes princes sur huit, portent également, dans le Canon de Manéthon, les noms de Thoutmosis et d’Aménophis, concordance très remarquable, puisque ces deux noms, soit dans la liste royale de Manéthon, soit sur les monuments, sont exclusivement donnés aux premiers princes de la XVIIIe dynastie, ou à quelques-uns de leurs des-

  1. C’est ainsi que la plupart des rois Ptolémées sont désignés, dans de graves historiens, par les seuls surnoms, quelquefois très-peu honorables, tels que Physcon, Aulète, etc., que leur donnait l’esprit caustique des Alexandrins ; mais les monuments publics ne désignent jamais ces mêmes princes que par leurs véritables surnoms royaux.