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première lettre.

avez accueilli, avec un égal empressement, celles du peuple illustre qui les devança dans toutes les épreuves de l’organisation sociale, qui les dota de sa propre expérience dans toutes les institutions civiles, religieuses et politiques : et qui, s’organisant comme pour lui seul, laissa néanmoins de grands exemples à tous les autres. Dans votre riche cabinet, aux monuments de la vieille Italie, du ciseau si gracieux des Grecs et du goût moins épuré des Romains, se mêlent déjà quelques-uns des plus rares produits de la grave et docte Égypte qui écrivit partout ses actions et son nom, comme si la postérité eût toujours été présente à sa pensée, et qu’incessamment jalouse de l’éclairer, elle se fût proposé de lui laisser, sur chacun de ses ouvrages, quelqu’utile précepte, et sur chaque pierre une leçon. Ses vues généreuses s’accomplissent aujourd’hui ; la France a pénétré la première dans ces vénérables archives ; elle a triomphé, avec un rare courage, du temps et de la barbarie qui les avaient ensevelies ; elle a reçu, avec une louable prédilection, les débris variés que d’autres explorateurs n’ont cessé depuis d’y amasser ; et lorsqu’un destin malencontreux ravit à notre capitale une collection qui en serait l’éternel ornement, vers laquelle l’Europe savante aurait tourné ses premiers pas dans l’étude de l’antiquité, je trouve dans vos lumières, dans votre zèle si actif à solliciter la protection royale