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Ce colosse, quoique d’un assez bon travail, ne saurait, sous le rapport de son exécution, soutenir le moindre parallèle avec une seconde statue de Ramsès-le-Grand, provenant de la collection Drovetti. Ce chef-d’œuvre de la sculpture égyptienne, est arrivé à Turin brisé en plusieurs pièces ; mais il sera facile de les réunir sans avoir à regretter aucune partie tant soit peu importante de ce bel ouvrage de granit noir, et de 6 à 7 pieds de proportion. Le roi est représenté assis sur un trône en habit militaire ; son costume est absolument pareil à celui que l’on a donné à son aïeul, Ramsès-Méïamoun, dans les bas-reliefs de Médinetabou, où ce prince guerrier assis sur son char au milieu du champ de bataille, reçoit les vaincus prisonniers qu’on amène de toute part à ses pieds. La tête de la statue de Ramsès-le-Grand, porte le casque royal, armure qui, d’près la couleur verte qu’on lui applique dans les bas-reliefs peints, devait être en bronze orné de métaux plus précieux : des sortes de clousou de petits disques en relief, semblables au caractère figuratif qui, dans les textes hiéroglyphiques, exprime l’idée soleil, couvrent toute la surface du casque, à l’exception d’une espèce de rebord ou plutôt de visière qui fait saillie sur tout le contour du front ; au-dessus de cette visière, s’élève l’insigne royal, l’urœus, dont le corps forme d’abord plusieurs enroule-