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première lettre.

exemple, renversés et liés sur les marchepieds du trône des Pharaons, ce qui met en scène le verset du psalmiste, ponam inimicos tuos in scabellum pedum tuorum ; les simples particuliers manifestaient leur haine pour ces ennemis de l’Égypte, d’une manière analogue ; car j’ai remarqué dans les collections Cailliaud et Drovetti, ainsi qu’au cabinet du roi à Paris, des sandales en cartonnage de toile, portant sur le point où appuyait la plante des pieds, des figures coloriées de pasteurs captifs et des prisonniers appartenant à ces deux mêmes nations vaincues représentées, sur le côté du trône du roi Horus.

Le bas-relief sculpté sur ce trône, et du côté où la reine Tmauhmot est assise, se recommande par une singularité d’un autre genre, mais non moins remarquable. L’artiste y a gravé de profil un beau Sphinx à tête humaine et dans la pose ordinaire[1] ; au lieu d’une pate de lion à la partie antérieure, c’est un bras élevé dans une attitude de protection. Des épaules de l’animal symbolique sortent deux grandes ailes presque éployées, et sa queue, d’abord dressée presque perpendiculairement, retombe ensuite et finit en un épais flocon. La tête est couverte d’une sorte de mitre particulière aux reines et à certaines déesses égyptiennes, et cette coiffure

  1. Ce sphinx a environ un pied de longueur.