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monuments historiques.

dans les magnifiques excavations de la Nubie. Ce bas-relief du trône du roi Horus, et qui peut avoir trait à quelque expédition militaire faite sous son règne, n’a au reste, rien de bien spécial ni d’absolument propre à ce prince, puisqu’on retrouve de pareils groupes de prisonniers figurés sur les trônes de la plupart des souverains, dans les bas-reliefs de Thèbes et les peintures des hypogées. Ces deux nations, ainsi qu’une troisième toujours peinte en rouge avec des cheveux roux et même des yeux bleus, sont les ennemis constants de la primitive monarchie Égyptienne, les derniers surtout, évidemment les moins civilisés puisqu’ils se montrent, pour l’ordinaire, les cheveux longs et en désordre, vêtus soit d’une peau de bœuf conservant encore son poil, soit d’une simple pagne couvrant le milieu du corps, et que leurs bras et leurs jambes sont souvent décorés d’un tatouage grossier. J’ai lieu de croire que ces barbares ne sont autres que ces fameux pasteurs, ces Hikschôs (ϩⲏⲕϣⲱⲥ) qui, à une époque très-reculée, sortis de l’Asie envahirent l’Égypte et la dévastèrent, jusqu’à ce que les princes de la XVIIIe dynastie eussent mis un terme à leurs déprédations en les chassant d’abord de l’Égypte et en repoussant ensuite leurs nouvelles invasions. Les monumens égyptiens n’offrent jamais l’image de ces peuples, que dans un état de défaite, de captivité ou d’abjection : on les représente, par