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première lettre.

de Chnouphis à Éléphantine, dont l’ensemble est si élégant et si pur, les grands débris du Memnonium, et les colonades du Palais de Solèb, édifices qui, tous, ont été fondés ou ornés de bas-reliefs sous le long règne d’Aménophis II, comme le prouvent sans réplique leurs inscriptions en caractères sacrés.

Toutefois, si la présence, sur cette statue, d’une dédicace faite par un simple particulier, pouvait conduire à penser que ce monument ne remonte pas au temps même du prince qu’il représente, l’état prospère de l’art à cette même époque resterait toujours constaté par les grandes constructions de l’Égypte, et par une superbe statue de basalte vert très-foncé, existant encore dans le Musée de Turin. C’est une image du Dieu Phtha, l’organisateur du monde matériel, l’une des principales divinités selon la croyance égyptienne, et dont les Grecs ont singulièrement rapetissé le rôle mythique dans le personnage de leur Héphaistos, le Vulcain des Romains. Ce fils d’Amon-ra est debout, et a huit pieds de hauteur totale. La tête, enveloppée de la coiffure ordinaire du dieu, sorte de calotte étroite qui se modèle exactement sur tous les contours du crâne, se fait remarquer par la beauté de son exécution, quoique empreinte de cette physionomie véritablement africaine, que les artistes égyptiens donnèrent toujours à Phtha, mais à ce dieu seul parmi les innombrables personnages sym-