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Les auteurs grecs ont désigné cette méthode de peinture des idées, la première et la plus ancienne, sous le nom de κυριολογικὴ κατὰ ΜΊΜΗΣΙΝ ou méthode s’exprimant au propre par imitation (Clément d’Alexandrie, Stromates, livre V, page 657, éd. Potter).


B. Caractères tropiques ou symboliques.

50. L’impossibilité d’exprimer surtout les idées abstraites par des caractères figuratifs, fit recourir à l’invention d’un nouvel ordre de signes, au moyen desquels on peignit ces idées par des images d’objets physiques ayant des rapports prochains ou éloignés, vrais ou supposés, avec les objets des idées qu’il s’agissait de rendre graphiquement.

Ces caractères, qu’on a nommés tropiques ou symboliques, se formaient selon quatre principales méthodes diverses, par lesquelles le signe se trouvait plus ou moins éloigné de la forme ou de la nature réelle de l’objet dont il servait à noter l’idée.

On procéda à la création des signes tropiques, 1o par synecdoche, en peignant la partie pour le tout ; mais la plupart des signes formés d’après cette méthode ne sont, au fond, que de pures abréviations de caractères figuratifs ; ainsi, deux bras tenant l’un un bouclier, l’autre un trait ou une pique signifiaient une armée ou le combat[1] ; une tête de bœuf , signifiait un bœuf ; une tête d’oie , une oie ; une tête et les parties antérieures d’une chèvre , une chèvre ; les prunelles de l’œil , les yeux, etc., etc.

2o En procédant par métonymie, on peignait la cause pour l’effet, l’effet pour la cause, ou l’instrument pour l’ouvrage produit. Ainsi on

  1. Horapollon, livre II, hiéroglyphe 5.