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27. Cette réduction systématique de signes si compliqués à des formes si simples, tout en éloignant un peu le caractère du principe absolu d’imitation, le rapprocha, mais seulement en apparence, de son état primitif. Il est certain, en effet, que les premiers caractères tracés par les inventeurs de l’écriture hiéroglyphique, durent être infiniment moins exacts, dans leurs détails et dans leurs formes générales, que ceux dont nous admirons le galbe si élégant sur les grands monuments de l’Égypte ; et que, s’ils se rapprochaient par leur rudesse de la simplicité des hiéroglyphes abrégés de notre tableau, ils devaient en différer essentiellement par un manque total de correction, de vérité et de proportions dans le tracé des formes naturelles qu’on cherchait à rendre. Les plus anciens caractères chinois, et les tableaux mexicains, donnent d’ailleurs une idée suffisante de ce que peuvent être les premiers essais d’un peuple, dans l’imitation linéaire des objets.

28. Les hiéroglyphes abrégés, que nous désignerons désormais sous le nom de linéaires, portent, au contraire, dans leur ensemble réduit, l’empreinte d’une main très-exercée dans l’art du dessin ; et l’on ne peut s’empêcher, en ouvrant une foule de manuscrits, d’admirer avec combien de finesse et de spirituelle simplicité sont rendus linéairement ces croquis si légers des nombreuses espèces de quadrupèdes, d’oiseaux, de reptiles, etc., dont se composent en grande partie tous les textes hiéroglyphiques.

29. Ces hiéroglyphes linéaires formaient, à proprement parler, l’écriture hiéroglyphique la plus usuelle, c’est-à-dire l’écriture des livres, tandis que les hiéroglyphes purs furent toujours l’écriture des monuments publics. Cette distinction une fois établie, nous n’em-