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existantes de l’inscription démotique et de l’inscription hiéroglyphique, les groupes de caractères répondant aux mots employés dans l’inscription grecque. Ce travail, résultat d’un rapprochement plein de sagacité, établit enfin quelques notions certaines sur les procédés propres aux diverses branches du système graphique égyptien et sur leurs liaisons respectives ; il fournit des preuves matérielles à l’assertion des anciens relativement à l’emploi de caractères figuratifs et symboliques dans l’écriture hiéroglyphique ; mais la nature intime de cette écriture, ses rapports avec la langue parlée, le nombre, l’essence et les combinaisons de ses éléments fondamentaux, restèrent encore incertains dans le vague des hypothèses.

Le docteur Young, comme les auteurs de la Description de l’Égypte, ne sépara point d’une manière assez tranchée l’écriture démotique (celle de la deuxième partie du monument de Rosette, appelée aussi enchoriale), de l’écriture cursive employée dans les papyrus non hiéroglyphiques, textes que j’ai fait reconnaître depuis pour hiératiques, c’est-à-dire appartenant à une écriture sacerdotale, facile à distinguer de l’écriture hiéroglyphique par la forme particulière des signes, et séparée de l’écriture démotique ou populaire par des différences bien plus essentielles encore.

Quant à la nature des textes hiératiques et démotiques, le savant anglais embrassa tour à tour deux systèmes entièrement opposés. En 1816, il croyait, avec la Commission d’Égypte, à la nature alphabétique de la totalité des signes composant le texte intermédiaire de Rosette, et il s’efforça, par le moyen de l’alphabet d’Ackerblad, accru de plusieurs nouveaux signes auxquels il supposait une valeur fixe, de déterminer la lecture de 80 groupes de caractères démotiques extraits du monument bilingue. Mais en 1819, abandonnant tout à fait l’idée de l’existence réelle de signes véritablement alphabétiques dans le système graphique égyptien, le docteur Young affirma, au contraire, que l’écriture démotique et celle des papyrus hiératiques appartenaient, comme l’écriture primitive, l’hiéroglyphique, à un système composé de caractères idéographiques purs. Cependant, convaincu que la plupart des noms propres mentionnés dans le texte démotique de Rosette sont susceptibles d’une espèce de lecture avec l’alphabet d’Ackerblad, il conclut que les Égyptiens, pour transcrire les noms propres étrangers seulement, se servirent, comme les Chinois, de signes réellement idéographiques, mais détournés de leur expression ordinaire pour leur faire accidentellement représenter des sons. C’est dans cette persuasion que le savant anglais essaya d’analyser deux noms propres