Page:Champollion - Grammaire égyptienne, 1836.djvu/30

Cette page a été validée par deux contributeurs.

La traduction de ce dernier texte, contenant un décret du corps sacerdotal de l’Égypte, réuni à Memphis pour décerner de grands honneurs au roi Ptolémée Épiphane, donnait la pleine certitude que les deux inscriptions égyptiennes supérieures contenaient l’expression fidèle du même décret en langue égyptienne et en deux écritures égyptiennes distinctes, l’écriture sacrée ou hiéroglyphique, et l’écriture vulgaire ou démotique.

On dut, avec toute raison, attacher de grandes espérances à la découverte d’un pareil monument. La possession de textes égyptiens, accompagnés de leur traduction en une langue connue, venait établir enfin des points de départ et de comparaison aussi nombreux qu’incontestables, pour conduire avec sûreté à la connaissance du système graphique égyptien par l’analyse combinée des deux inscriptions égyptiennes au moyen de l’inscription grecque. Dès ce moment, il fallut abandonner la voie des hypothèses pour se circonscrire dans la recherche des faits ; et les études égyptiennes marchèrent, quoique avec lenteur, vers des résultats positifs.

Dès 1802, un savant illustre, auquel nous sommes redevables en France de l’état florissant de la littérature orientale que ses importants travaux ont si éminemment contribué à propager dans le reste de l’Europe, M. le baron Silvestre de Sacy, ayant reçu un fac-simile du monument de Rosette, examina le texte démotique en le comparant avec le texte grec, et publia le résumé de ses recherches dans une Lettre adressée à M. le comte Chaptal, alors ministre de l’intérieur.

Cet écrit renferme les premières bases du déchiffrement du texte intermédiaire, par la détermination des groupes de caractères répondant aux noms propres Ptolémée, Arsinoë, Alexandre et Alexandrie, mentionnés en différentes occasions dans le texte grec.

Bientôt après, M. Ackerblad, orientaliste suédois, que distinguaient une érudition très-variée et une connaissance approfondie de la langue copte, suivant la même route que le savant français, s’engagea à son exemple dans la comparaison des deux textes : il publia une analyse des noms propres grecs cités dans l’inscription en caractères démotiques, et déduisit en même temps de cette analyse un court alphabet égyptien démotique ou populaire.

Ce premier succès sembla confirmer d’abord les espérances qu’avait fait naître le monument de Rosette. Mais Ackerblad, si heureux dans l’analyse des noms propres grecs, n’obtint aucun résultat en cherchant à appliquer à la lecture des autres parties de l’inscription démotique, le recueil de signes dont il venait de constater la valeur dans l’expression écrite de ces noms propres grecs.