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numents égyptiens conservés à Rome et dans divers cabinets de l’Europe. Cette exploration préparatoire, qu’il n’a jamais publiée, eût sans doute engagé le savant danois à poursuivre ses recherches sur les écritures égyptiennes, aidé surtout par sa profonde connaissance de la langue copte ; mais sa mort, trop tôt pour la science, vint mettre un terme à ses utiles travaux.

La publication de l’ouvrage de Zoëga sur les obélisques, précéda immédiatement la conquête de l’Égypte par une armée française. Cette glorieuse expédition, unique dans son but à la fois politique et scientifique, car des commissions savantes marchaient avec l’avant-garde de l’armée, donna une vive impulsion aux recherches archéologiques relatives à l’état primordial de l’empire des Pharaons. Des Français, que l’amour de la science avait jetés au milieu des hasards de cette entreprise militaire, firent connaître à l’Europe, par des dessins fidèles, l’importance et le nombre prodigieux des monuments antiques de l’Égypte. Des vues perspectives, des plans et des coupes offrant l’ensemble et les détails des temples, des palais ou des tombeaux, furent publiés par les ordres de l’Empereur Napoléon dans le magnifique recueil intitulé : Description de l’Égypte. Le monde savant conçut pour la première fois une juste idée de la civilisation égyptienne, comme de l’inépuisable richesse des documents historiques contenus dans d’innombrables sculptures, instructifs ornements de ces constructions si imposantes. La science sentit alors mieux que jamais le défaut total de notions positives sur le système graphique des Égyptiens ; toutefois, l’abondance des textes hiéroglyphiques et des inscriptions monumentales recueillies en Égypte par le zèle de la Commission française, tout en motivant ses regrets, assura de bien précieux matériaux pour de nouvelles recherches sur la nature, les procédés et les diverses combinaisons des écritures égyptiennes ; disons plus : l’espoir de pénétrer enfin tous les mystères de ce système graphique s’était réveillé tout à coup dans le monde savant, à la seule annonce de la découverte d’un monument bilingue trouvé à Rosette.

Un officier du génie, attaché à la division de notre armée d’Égypte qui occupait la ville de Rosette, M. Bouchard, trouva en août 1799, dans des fouilles exécutées à l’ancien fort, une pierre de granit noir, de forme rectangulaire, dont la face bien polie offrait trois inscriptions en trois caractères différents. L’inscription supérieure, détruite ou fracturée en grande partie, est en écriture hiéroglyphique ; le texte intermédiaire appartient à une écriture égyptienne cursive, et une inscription en langue et en caractères grecs occupe la troisième et dernière division de la pierre.