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rivaient en Europe par l’effet des relations commerciales avec le Levant. La science ne fit aucun pas vers l’intelligence des antiques écritures égyptiennes. La manie des systèmes à priori franchissant toutes les limites du possible, détourna encore les bons esprits d’un genre d’études tout à fait discrédité, soit par l’incertitude de ses moyens, soit par l’extravagance des résultats qu’on prétendait en déduire. Selon les uns, toutes les inscriptions égyptiennes étaient relatives à l’astronomie ; elles ne renfermaient, selon d’autres, que des préceptes sur l’ensemble ou les détails des travaux de la campagne ; chaque divinité égyptienne représentait une des époques de l’année agricole ; et dans le temps même où De Guignes et ses disciples, s’efforçant de prouver la communauté d’origine des peuples de la Chine et des anciens habitants de l’Égypte, prétendaient interpréter les inscriptions hiéroglyphiques avec le seul secours des dictionnaires chinois, un esprit tout aussi excentrique voulut prouver, par le raisonnement, que les différentes images d’animaux, de plantes, qu’on appelle hiéroglyphes ne formèrent jamais une écriture chez les Égyptiens, et n’étaient que de simples ornements sans signification quelconque.

Au milieu de telles dissidences, les véritables amis de l’archéologie se contentèrent de réunir autant que possible, dans les musées publics et dans les cabinets particuliers, les divers produits de l’art antique des Égyptiens. Lorsqu’ils en publiaient des gravures ou des fac-simile, ils se bornaient à les décrire sous le rapport de leur travail, et si l’on essayait de distinguer entre elles les différentes divinités (car on le supposait à cette époque, toute figurine égyptienne représentait un dieu ou une déesse), ce n’était qu’avec précaution, car la nomenclature des divinités égyptiennes, tirée des auteurs classiques, était bien promptement épuisée. On peut, sous ce rapport, citer, comme les promoteurs des études archéologiques égyptiennes, le P. Montfaucon et le comte de Caylus, quoique ces études n’aient réellement commencé qu’à la publication du grand ouvrage de Zoëga sur les Obélisques.

Ce savant Danois, profondément versé dans la connaissance des classiques grecs et possédant bien la langue copte, l’un des objets spéciaux de ses dernières études, réunit dans un vaste travail sur les obélisques de Rome les principaux résultats de ses recherches relatives à l’Égypte ancienne. Conduit par l’examen des inscriptions égyptiennes sculptées sur ce genre de monuments, à s’occuper de l’écriture hiéroglyphique, il discuta fort en détail et s’efforça d’accorder entre elles les notions fournies par les écrivains de l’antiquité sur le système graphique