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d’eux-mêmes, directement et sans intermédiaires, au moyen des signes tracés jadis par leurs propres mains.

Une seconde science, placée par la nature même de son objet dans des rapports intimes avec la philologie, ou qui, pour mieux, dire, en est inséparable, l’archéologie, assure à l’histoire ses fondements les plus certains, en recueillant pour elle les témoignages les plus authentiques de la réalité des événements passés, les témoignages des monuments originaux, produits des arts, retraçant les fait contemporains dont ils furent jadis des signes publics, des commémorations consacrées, et qui en restent pour nous des témoins irrécusables.

C’est principalement au domaine de ces deux sciences réunies, l’archéologie et la philologie, indispensables auxiliaires de l’histoire, qu’appartiennent, par leur propre essence, si l’on peut s’exprimer ainsi, les monuments de la vieille Égypte, objet principal du cours qui s’ouvre aujourd’hui.

Les innombrables produits des arts égyptiens, arrivés jusqu’à nous à travers les injures du temps et malgré les ravages de la barbarie musulmane ou de l’ignorance des premiers chrétiens, sont tous, en effet, à très-peu d’exceptions près, accompagnés d’inscriptions plus ou moins étendues, relatives à leur destination, et précisant, soit le motif, soit l’époque de leur exécution. Cette circonstance, heureuse sous tant de rapports, divise donc naturellement les études archéologiques égyptiennes en deux branches distinctes : d’abord, les études philologiques, ayant pour objet la langue, les divers systèmes d’écriture usités dans l’antique Égypte, enfin l’interprétation raisonnée et surtout raisonnable des inscriptions monumentales ; en second lieu, les études archéologiques proprement dites, embrassant toute la série des monuments figurés, sous le double rapport de l’art et de leur destination pour les usages civils ou religieux, militaires ou domestiques.

La science archéologique a suivi, depuis sa naissance en Europe, une marche toute naturelle, en remontant progressivement dans ses recherches la chaîne chronologique des peuples qui se sont succédé dans la carrière sociale. L’attention des antiquaires se concentra d’abord sur les monuments des Romains, monuments épars sur notre sol, les plus voisins de nous, et servant tour à tour de confirmations positives ou d’utiles éclaircissements aux textes des auteurs classiques latins, premier objet des études philologiques en Occident.

En constatant la liaison des faits pour remonter à l’origine des pro-