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Les Voyages de Champlain.

terre d’outre l’Ocean, le long de laquelle fe fait la recherche du paflage deflré : Ce qui auoit meu le. Marquis de la Roche en l’an 1598.(1) de prendre commiffion du Roy pour habiter ladite terre. A cet effed il defchargea des hommes & munitions en l’Ifle de Sable : mais les conditions qui luy auoient efté accordées par fa Maiefté lui ayant efté déniées, il fut contraint de quitter fon entreprife, & laifler là fes gens. Vn an aprez le Capitaine Chauuin en prit vne autre pour y conduire d’autres hommes : & peu aprez eftant aufîi reuocquée(2), il ne pourfuit pas dauantage. .

Aprez ceux cy (3), nonobftant toutes ces variations & incertitudes, le fleur de Mons voulut tenter vne chofe defefperée : & en demanda commiffion à fa Maiefté : recognoiftant que ce qui auoit ruiné les entreprinfes precedentes, eftait faute d’auoir affifté les entrepreneurs, qui, en vn an, ny deux, n’ont peu (1) « Lescarbot et Champlain, » dit M. Ferland, en parlant de l’entreprise du marquis de la Roche (Cours d’Histoire du Canada, I, p. 60), « tenaient leurs renseignements du sieur de Poutrincourt. Nous préférons suivre Bergeron, qui écrivait vers le même temps, parce que la vérité de son récit est confirmée par une notice sur le marquis de La Roche, insérée dans la Biographie Générale des Hommes Illustres de la Bretagne. » Voici ce que dit Bergeron à ce sujet : «Le Marquis de la Roche donc étant allé, fuivant fa première commiffion » ( 1578), « dés le temps de Henri III, en Pile de Sable, & voulant découvrir davantage, il fut reieté par la violence du vent en moins de douze iours iufqu’en Bretagne, où il fut retenu prifonnier cinq ans » (ou plus de sept, suivant M. Pol de Courcy) «par le duc de Mercœur. Cependant les gens qu’il avoit laifle en l’ile de Sable, ne vécurent tout ce temps-là que de pèche, & de quelques vaches & autres bétes provenant de celles que dés l’an 1518 le baron de Lery y avoit lailfées. Enfin le marquis étant délivré de prifon, comme il eut conté au Roy fon adventure, le pilote Cbef-d’hôtel eut commandement allant aux terres neuves, de recueillir ces pauvres gens ; ce qu’il fit, & n’en trouva que douze de relie, qu’il ramena en France. Mais le Marquis aiant obtenu fa fécondé commiffion» (1598) «ne peut continuer ces voyages, prévenu de mort bientôt après.» (Traité de la Navigation, ch. xx.) (z) Suivant l’édition de 1632, le sieuT Chauvin fit de suite un second voyage, «qui « fut auffi fruélueux que le premier. Il en veut faire vn troifiefme mieux ordonné ; « mais il n’y demeure longtemps fans eftre faifi de maladie, qui l’enuoya en l’autre « monde. » (Première partie, ch, vi.) .

(3) En 1603, après la mort du commandeur de Chastes. 152