mente, laquelle dura deux iours, qui nous feiſt relaſcher dedans vne grande anſe, en attendant le beau temps. Le lendemain, nous en partiſmes, & fuſmes encores contrariez d’vne autre tourmente. Ne voullant relaſcher, & penſant gaigner chemin, nous fuſmes à la coſte du Nort, le 28. iour de iuillet, mouiller l’ancre à vne anſe qui eſt fort mauuaiſe à cauſe des bancs de rochers qu’il y a. Cette anſe[1] eſt par les 51. degré & quelques minutes[2].
Le lendemain nous vinſmes mouiller l’ancre proche d’vne riuiere qui s’appelle Saincte Marguerite, où il y a de pleine mer quelques trois braſſes d’eau, & braſſe & demye de baſſe mer ; elle va aſſez auant. A ce que i’ai vu dans terre du coſté de l’Eſt, il y a vn ſault d’eau qui entre dans ladide riuiere, & vient de quelque cinquante ou ſoixante braſſes de haut ; d’où procede la plus grand part de l’eau qui deſcend dedans. A ſon entrée, il y a vn banc de ſable, où il peut auoir de baſſe eau demy braſſe. Toute la coſte du coſté de l’Eſt eſt ſable mouuant ; où il y a vne poincte à quelque demy lieuë[3] de ladicte riuiere qui aduance vne demie lieuë en la mer, & du coſté de l’Oueſt, il y a vne petite iſle. Cedict lieu eſt par les 50. degrez. Toutes ces terres font très mauuaiſes, remplies de ſapins. La terre y eſt quelque peu haute, mais non tant que celle du Su.
A quelques trois lieuës, nous paſſaſmes proche d’vne
- ↑ Vraisemblablement la baie Moisie, à l’ouest de laquelle il y a un banc de rochers très-dangereux.
- ↑ Cette hauteur, qui est celle du détroit de Belle-Isle, est évidemment trop forte. Suivant Bayfield, le fond de la baie Moisie est à 50° 17’.
- ↑ « A quelques deux lieues, » se trouve la pointe à la Croix. Il y a tout lieu de croire que le manuscrit portait deux lieues, et que le typographe aura lu demy lieue.
