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a autre cours d’eau qui aille du coſté de l’Occident ; que le ſoleil ſe couche à main droite dudict lac, qui eſt, ſelon mon iugement, au Noroueſt peu plus ou moins ; & qu’au premier lac l’eau ne gelle point, ce qui me fait iuger que le temps y eſt temperé. Et que toutes les terres des Algoumequins eſt terre baſſe, remplie de fort peu de bois ; & du coſté des Irocois eſt terre montaigneuſe ; neantmoins elles font très bonnes & fertiles, & meilleures qu’en aucun endroict qu’ils ayent veu. Les Irocois ſe tiennent à quelque cinquante ou ſoixante lieuës dudict grand lac. Voilà au certain ce qu’ils m’ont dict auoir veu, qui ne differe de bien peu au rapport des premiers.

Cedict iour, nous fuſmes proche de l’iſle aux Coudres, comme enuiron trois lieuës. Le Ieudy 10. dudict mois, nous vinſmes à quelque lieuë & demye de l’iſle au Lieure, du coſté du Nort, où il vint d’autres ſauuages en notre barque, entre leſquels il y auoit vn ieune homme Algoumequin, qui auoit fort voyagé dedans ledict grand lac : nous l’interrogeaſmes fort particulièrement comme nous auions fait les autres ſauuages. Il nous dict que, paſſé ledict ſault que nous auions veu, qu’à quelques deux ou trois lieuës, il y a vne riuiere qui va auſdicts Algoumequins, où ils ſont cabannez ; & qu’allant en ladicte grande riuiere, il y a cinq ſaults, qui peuuent contenir du premier au dernier quelque huict ou neuf lieuës, dont il y en a trois où ils portent leurs canots, & deux autres où ils les traînent ; que chaſcun deſdicts ſaults peut tenir vn quart de lieuë de long. Puis viennent dedans vn lac qui peut contenir quelque quinze lieuës. Puis ils paſſent cinq