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couche au nord dudict lac, & en l’hyuer il ſe couche comme au milieu ; que l’eau y eſt trés mauuaiſe, comme celle de ceſte mer.

Ie leur demandis ſi depuis cedict lac dernier qu’ils auoient veu, ſi l’eau deſcendoit touſiours dans la riuiere venant à Gaſchepay : ils me dirent que non ; que depuis le troiſieſme lac elle deſcendoit ſeulement, venant audict Gaſchepay ; mais que depuis le dernier ſault, qui eſt quelque peu hault, comme i’ay dict, que l’eau eſtoit preſque pacifique, & que ledict lac pouuoit prendre cours par autres riuieres, leſquelles vont dedans les terres, ſoit au Su, ou au Nort, dont il y en a quantité qui y refluënt, & dont ils ne voyent point la fin. Or, à mon iugement, il faudroit que ſi tant de riuieres deſbordent dedans ce lac, n’ayant que ſi peu de cours audict ſault, qu’il faut par neceſſité qu’il reffluë dedans quelque grandiſſime riuiere. Mais ce qui me faict croire qu’il n’y a point de riuiere par où cedict lac reffluë, veu le nombre de toutes les autres riuieres qui reffluënt dedans, c’eſt que les ſauuages n’ont vu aucune riuiere qui prinſt ſon cours par dedans les terres, qu’au lieu où ils ont eſté : ce qui me faict croire que c’eſt la mer du Su, eſtant ſallée[1], comme ils diſent. Toutesfois il n’y faut pas tant adiouſter de foy, que ce ſoit auec raiſons apparentes, bien qu’il y en aye quelque peu.

Voylà au certain tout ce que i’ay veu cy-deſſus, & ouy dire aux ſauuages ſur ce que nous les auons interrogez.

  1. Eau mauvaise ou salée était la même chose pour les sauvages.