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Nous paſſaſmes contre vne iſle qui eſt fort aggreable, & contient quelques quatre lieuës de long, & enuiron demye de large[1]. Ie veis à la bande du Su deux hautes montaignes, qui paroiſſoient comme à quelques vingt lieuës dans les terres ; les ſauuages me dirent que c’eſtoit le premier ſault de laditte riuiere des Iroquois.

Le mercredy enſuyuant, nous partiſmes de ce lieu, & feiſmes quelques cinq ou ſix lieuës. Nous veiſmes quantité d’iſles ; la terre y eſt fort baſſe, & ſont couuertes de bois ainſi que celles de la riuiere des Iroquois. Le iour enſuyuant, nous feiſmes quelques lieuës, & paſſaſmes auſſi par quantité d’autres iſles qui ſont très bonnes & plaiſantes, pour la quantité des prairies qu’il y a, tant du coſté de terre ferme que des autres iſles ; & tous les bois y ſont fort petits, au regard de ceux que nous auions paſſé.

Enfin nous arriuaſmes cedict iour à l’entrée du ſault, auec vent en poupe, & rencontraſmes vne iſle[2] qui eſt preſque au milieu de laditte entrée, laquelle contient vn quart de lieuë de long, & paſſaſmes à la bande du Su de laditte iſle, où il n’y auoit que de trois à quatre ou cinq pieds d’eau, & aucunes fois vne braſſe ou deux ; & puis tout à vn coup n’en trouuions que trois ou quatre pieds. Il y a force rochers & petites iſles où il n’y a point de bois, & ſont à fleur d’eau. Du commencement de la ſuſditte iſle, qui eſt au milieu de laditte entrée, l’eau commence à venir de grande force ; bien que nous euſſions le vent fort bon, ſi ne peuſmes-nous, en toute noſtre

  1. L’auteur semble avoir pris ici pour une seule île les îles de Verchères.
  2. L’île qu’il appela lui-même plus tard Sainte-Hélène, du nom d’Hélène Boullé, sa femme.