Page:Champlain - Oeuvres de Champlain publiées sous le patronage de l'Université Laval, Tome 2, 1870.djvu/46

Cette page a été validée par deux contributeurs.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

CHAPITRE VIII.


Arriuée au Sault, ſa deſcription, & ce qu’on y void de remarquable, auec le rapport des ſauuages de la fin de la grande riuiere.



PArtant de la riuiere des Iroquois, nous fuſmes mouiller l’ancre à trois lieuës de là, à la bande du Nort. Tout ce pays eſt vne terre baſſe, remplie de toutes les ſortes d’arbres que i’ay dict cy-deſſus.

Le premier iour de iuillet, nous coſtoyaſmes la bande du Nort, où le bois y eſt fort clair, plus qu’en aucun lieu que nous euſſions encore veu auparauant, & toute bonne terre pour cultiuer. Ie me meis dans vn canot à la bande du Su, où ie veis quantité d’iſles, leſquelles ſont fort fertilles en fruicts, comme vignes, noix, noyſettes, & vne maniere de fruict qui ſemble à des chaſtaignes, ceriſes, cheſnes, trembles, pible[1], houblon, freſne, érable, heſtre, cyprez, fort peu de pins & ſapins. Il y a auſſi d’autres arbres que ie ne cognois point, leſquels ſont fort aggreables. Il s’y trouue quantité de fraiſes, framboiſes, groizelles rouges, vertes & bleues, auec force petits fruicts qui y croiſſent parmy grande quantité d’herbages. Il y a auſſi pluſieurs beſtes ſauuages comme orignas, cerfs, biches, dains, ours, porcs-eſpics, lapins, regnards, caſtors, loutres, rats muſquets, & quelques autres ſortes d’animaux que ie ne cognois point, leſquels ſont bons à manger, & dequoy viuent les ſauuages.

  1. Ce mot n’est, sans doute, qu’une contraction de piboule, qui désigne une variété du peuplier.