Page:Champlain - Oeuvres de Champlain publiées sous le patronage de l'Université Laval, Tome 1, 1870.djvu/76

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le Saint-Jean et le Don-de-Dieu. La petite flotte portait près de deux cents personnes, tant mariniers que colons, les Pères Ennemond Massé et Jean de Brebeuf, une femme et deux petites filles. Au moment d’entrer dans le golfe, une violente tempête de nord-ouest l’obligea de relâcher à Sainte-Anne du Cap-Breton ; peu après, une seconde bourrasque la contraignit d’aller chercher un refuge à l’île de Saint-Bonaventure. Enfin, au bout de deux mois jour pour jour, le vaisseau qui portait Champlain mouilla devant Québec, le 23 mai[1].

La joie des habitants du pays fut grande quand ils virent arriver le fondateur de la colonie. «Ce jour, dit le P. le Jeune, nous a été l’un des bons jours de l’année.» Tous connaissaient sa sagesse, son expérience et son admirable dévouement. On voyait renaître toutes les espérances du passé. Aussi l’on peut dire que dès lors la Nouvelle-France, si cruellement éprouvée, prit comme une nouvelle naissance, et se trouva bientôt assez forte pour vivre de sa propre vie, au milieu de ces grandes forêts du Nouveau-Monde.

Aussitôt que le Saint-Jean eut mouillé l’ancre dans la rade, Champlain fit sommer le sieur Émeric de Caen de remettre le fort et l’habitation entre les mains de M. du Plessis-Bochard, en vertu du commandement qui lui était fait de la part du cardinal de Richelieu.

L’après-midi, le sieur de Caen quitta le fort avec ses hommes, et M. du Plessis-Bochard y entra avec les siens. Le jour suivant, 24 de mai, les clefs

  1. Mercure français, t. XIX. La Relation de 1633 fait arriver Champlain le 22.