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délégué à sa place, devait assurer les Abenaquis qu’on les assisterait contre leurs ennemis dès que les vaisseaux auraient rapporté l’abondance, pourvu qu’en attendant ils voulussent bien donner aux Français quelques secours en vivres. Champlain lui avait en même temps recommandé de bien observer les lieux, la qualité des terres et la bonté du pays.

Voyant la saison déjà passablement avancée, Champlain prit le parti d’envoyer son beau-frère à Gaspé avec une trentaine d’autres ; vingt d’entre eux consentirent d’avance à demeurer là avec les sauvages, et les autres préférèrent courir leur risque. La barque, avant d’arriver à Gaspé, rencontra le vaisseau d’Émeric de Caen, qui venait chercher une partie des hommes de la compagnie destituée, et apportait en même temps des vivres pour l’habitation. Ainsi assuré d’un prompt secours, Boullé prit quelques provisions, et se remit en route pour Québec. Malheureusement, il tomba entre les mains des Anglais avant d’avoir passé Tadoussac.

Les Kertk étaient revenus cette année avec six vaisseaux et deux pinasses, décidés à faire un dernier effort pour achever leur conquête. À force de questionner les prisonniers, ils ne tardèrent pas à connaître au juste le triste état où était réduit Québec.

Pendant ce temps-là, Champlain était dans une mortelle inquiétude. Les vivres manquaient ; la saison était déjà bien avancée, et l’on commençait à désespérer de voir arriver des vaisseaux. Les sauvages, depuis l’arrestation de Mahigan-Atic-Ouche,