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Cette fois, Champlain jugea que ce serait une faiblesse que de ne point sévir contre de pareils attentats. Il mande à l’habitation les principaux chefs, leur remontre l’atrocité du crime commis par un de leur nation, et leur déclare nettement qu’il exige qu’on lui livre les auteurs de l’assassinat ; en attendant, on garderait comme otage un certain montagnais, sur lequel on avait des soupçons, et que dorénavant on serait obligé de se tenir en garde contre leur perfidie.

Les sauvages parurent, en cette occasion, réellement chagrins et mortifiés d’un événement si fâcheux ; mais il n’y eut pas moyen de constater au juste quel était le coupable.

Avant de partir pour la chasse, les Montagnais voulurent donner à Champlain un témoignage singulier de leur estime. Ils envoyèrent Mécabau, appelé Martin par les Français, demander au P. le Caron quel présent il leur conseillait de faire. «Il me souvient, lui dit Mécabau, qu’autrefois monsieur de Champlain a eu désir d’avoir de nos filles pour mener en France, et les faire instruire en la loi de Dieu et aux bonnes mœurs ; s’il voulait à présent, nous lui en donnerions quelqu’unes ; n’en serais-tu pas bien content ?» Le Père répondit que oui, et qu’il fallait lui en parler. «Ce que les sauvages firent de si bonne grâce, ajoute Sagard, que le sieur de Champlain, voulant être utile à quelque âme, en accepta trois. Plusieurs croyaient que les sauvages n’avaient donné ces filles au sieur de Champlain que pour s’en décharger, à cause du manquement de vivres ; mais ils se trompaient, car