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tion et du pays au nom de mon dit seigneur le vice-roi.»

Champlain trouva de quoi exercer son zèle. «Je trouvai, dit-il, cette pauvre habitation si désolée et ruinée, qu’elle me faisait pitié. Il y pleuvait de toutes parts ; l’air entrait par toutes les jointures du plancher ; le magasin s’en allait tomber, la cour si sale et orde, que tout cela semblait une pauvre maison abandonnée aux champs où les soldats avaient passé.» En peu de temps, néanmoins, tout fut réparé, grâce à la diligence qu’il y mit.

Un de ses premiers soins fut ensuite de faire commencer, sur le coteau qui dominait l’habitation, un petit fort, qu’il jugea plus que jamais nécessaire «pour éviter aux dangers qui peuvent advenir en un pays éloigné presque de tout secours. J’établis, dit-il, cette demeure en une situation très-bonne, sur une montagne qui commandait sur le travers du fleuve Saint-Laurent, qui est un des lieux des plus étroits de la rivière. Cette maison ainsi bâtie ne plaisait point à nos associés ; mais pour cela il ne faut pas que je laisse d’effectuer le commandement de Mgr le Vice-roi ; et ceci est le vrai moyen de ne point recevoir d’affront.»

Le duc de Montmorency, voyant avec peine la mauvaise volonté de la compagnie des marchands, avait résolu de mettre un terme à un état de choses si préjudiciable aux intérêts de la colonie. Au printemps de 1621, on apprit, par le premier vaisseau, qu’il avait formé une compagnie nouvelle. M. Dolu, intendant des affaires du pays, fut chargé d’expédier à Champlain copie des nouvelles commissions, pour