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le prince de Condé, et lui représenta l’intérêt qu’il avait à ne point laisser annuler un privilège aussi nécessaire. Il plaida si bien la cause, que la société fut maintenue dans ses droits.

Non content d’assurer le progrès matériel de la Nouvelle-France, Champlain s’occupait en même temps à lui procurer un bien encore plus précieux que tous les avantages temporels. Le spectacle de tant de peuples sans foi, ni loi, sans dieu et sans religion, comme il avait pu le constater dans tous ses voyages, avaient excité dans son âme une immense compassion pour ces pauvres et malheureux infidèles. «Je jugeai à part moi, dit-il, que ce serait faire une grande faute, si je ne m’employais à leur préparer quelque moyen pour les faire venir à la connaissance de Dieu.» Ce qui l’avait empêché jusque-là d’exécuter ce saint projet, «c’est qu’il fallait faire une dépense qui eût excédé ses moyens» ; et il comprenait mieux que personne la difficulté de pourvoir aux frais et à l’entretien d’une mission, surtout avec une compagnie dont plusieurs des membres étaient calvinistes.

Ayant eu occasion de s’en ouvrir à plusieurs, et entre autres au sieur Houel, celui-ci lui suggéra de s’adressa aux Récollets, lui promettant son appui et toute l’influence qu’il pouvait avoir auprès du provincial, le P. du Verger. Afin de faciliter cette bonne œuvre, Champlain alla lui-même trouver les cardinaux et les évêques qui s’étaient rendus à Paris pour la tenue des états généraux, et réussit à recueillir une somme de près de quinze cents livres pour l’achat des choses les plus nécessaires.