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Dès le premier mars 1611, Champlain et Pont-Gravé repartirent pour le Canada. La traversée fut longue et périlleuse. En approchant du Grand-Banc, le vaisseau se trouva enveloppé de brumes épaisses, au milieu d’énormes banquises de glaces. Nos voyageurs furent ainsi entre la mort et la vie pendant plus de deux mois, et n’arrivèrent à Tadoussac que le 13 de mai.

À Québec, Du Parc et ses compagnons avaient passé un fort bon hiver, sans maladie, ni accident.

Champlain se rendit immédiatement au Grand-Saut, où il arriva le 28, ramenant avec lui Savignon. Les Algonquins devaient y être rendus dès le 20, mais n’arrivèrent que le 13 de juin.

Les traiteurs, qui, l’année précédente, étaient montés au-devant des sauvages, jusqu’au cap de la Victoire[1], se rendirent cette année (1611) jusqu’au Grand-Saut. Une des raisons qui les fit aller si loin, fut sans doute d’épargner à ceux qui descendaient à la traite les dangers d’un long voyage et les attaques des Iroquois ; mais la rivalité des marchands était surtout ce qui les faisait courir à la rencontre de ces barbares, pour enlever plus tôt leurs riches pelleteries.

En attendant l’arrivée des sauvages, Champlain s’occupa à faire une exploration plus complète des environs du Grand-Saut, « afin de trouver un lieu convenable pour la situation d’une habitation, et d’y préparer une place pour y bâtir[2]. Je considérai,

  1. Ainsi a-t-on désigné longtemps l’une des pointes voisines de Sorel du côté de l’ouest, et, par extension, les environs de Sorel. C’était apparemment en mémoire de la victoire de 1610, remportée à une petite distance de l’entrée de la rivière.
  2. Édit. 1613, p. 242.