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vait se faire que l’année suivante. Ce retard contrariait Champlain. « Toutefois, dit-il, j’avais deux cordes à mon arc, les Algonquins et les Ochatéguins m’ayant aussi promis de me faire voir leur pays, le grand lac, quelques mines de cuivre et autres choses, si je consentais à les aider dans leurs guerres. »

Il monta donc aux Trois-Rivières, où étaient déjà rendus les Montagnais. Un parti d’Algonquins devait venir les rejoindre à la rivière des Iroquois.

Cette fois, on trouva les ennemis fortifiés, et entourés d’une barricade « faite de puissants arbres arrangés les uns sur les autres en rond. » La résistance fut longue et vigoureuse. Champlain, dès le commencement du combat, fut blessé d’un coup de flèche, qui lui fendit le bout de l’oreille, et pénétra dans le cou ; ce qui ne l’empêcha pas cependant « de faire le devoir. » Enfin nos guerriers, encouragés par un renfort que leur amena le brave Des Prairies, parvinrent à rompre la barricade ; tout fut tué, ou noyé dans la rivière, à la réserve de quinze, qui furent faits prisonniers[1].

Les Algonquins consentirent à emmener avec eux un jeune français, à condition que Champlain accepterait en échange un jeune sauvage, nommé Savignon, pour lui faire voir la France.

Après avoir fait achever la palissade de l’habitation, Champlain, qui avait appris la nouvelle des troubles arrivés à Brouage, et de la mort du roi

  1. Qui croirait qu’un auteur s’est bien donné la peine de faire toute une dissertation pour prouver, ou du moins pour faire semblant de prouver, « comment on peut justifier Champlain du meurtre des Iroquois », dans ces deux premières expéditions ? — Voir Hist. de la Colonie française en Canada, tome I, p. 138 et suiv.