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quelques personnages qui étaient en crédit, qui lui avaient promis d’entretenir trois cents hommes au dit pays. Donc, en peu de temps, sa commission fut révoquée, pour le prix de certaine somme qu’un certain personnage eut sans que Sa Majesté en sût rien. » Comme compensation de plus de cent mille livres qu’il avait dépensées depuis trois ans, et des peines infinies qu’il s’était données pour fonder un établissement solide et durable en Amérique, « il lui fut accordé six mille livres, à prendre sur les vaisseaux qui iraient trafiquer des pelleteries. C’était, remarque Champlain, lui donner la mer à boire, la dépense devant surmonter la recette. Hé, bon Dieu ! qu’est-ce que l’on peut plus entreprendre, si tout se révoque de la façon, sans juger mûrement des affaires, premier que d’en venir là ? »

De retour en France en 1607, Champlain alla trouver M. de Monts, lui fit un rapport fidèle de ses voyages et de tout ce qui s’était passé à Port-Royal depuis son départ. Il avait pris un plan de l’habitation de Sainte-Croix, de celle de Port-Royal, et fait en même temps la carte de tous les lieux les plus remarquables qu’il avait visités, tant avec lui qu’avec M. de Poutrincourt : l’île Sainte-Croix, le port Royal, le port aux Mines (Havre-à-l’Avocat), l’entrée de la rivière Saint-Jean et du Kénébec, la baie de Saco, de Gloucester, de Plymouth, de Nauset et de Chatam, sans compter plusieurs havres de la côte d’Acadie, comme La Hève, le port au Mouton et le port Rossignol.

Malgré toutes ses pertes et ses désappointements, M. de Monts ne se découragea point. Il fit part à