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voir et reconnaître tout ce qu’il pourrait, et l’assistât de ce qui lui serait possible en cette entreprise. »

« Me voilà expédié, dit-il, je pars de Paris, et m’embarque dans le vaisseau de du Pont, l’an 1603. » Le vaisseau partit de Honfleur le 15 de mars, et relâcha au Havre-de-Grâce, d’où il put remettre à la voile dès le lendemain. Le voyage fut heureux jusqu’à Tadoussac, comme s’exprime l’édition de 1632, c’est-à-dire, que la traversée se fit sans accident ou sans malheur bien grave ; car du reste elle fut passablement orageuse, et dura plus de deux mois ; le vaisseau n’entra dans le havre de Tadoussac que le 24 de mai[1].

Quelques bandes de Montagnais et d’Algonquins, cabanés à la pointe aux Alouettes au bas d’un petit côteau, attendaient l’arrivée des Français. Pont-Gravé, dans un voyage précédent, avait emmené en France deux sauvages, et il les ramenait cette année, afin qu’ils fissent à leurs compatriotes le récit de tout ce qu’ils avaient vu au-delà du grand lac. Le lendemain, il alla, avec Champlain, les reconduire à la cabane du grand sagamo, Anadabijou.

C’est ici que commence cette alliance que la plupart de nos historiens n’ont pas assez remarquée ; alliance qui nous donne la clef d’une des grandes difficultés de notre histoire, et la raison véritable de l’intervention des armes françaises dans les démêlés des nations indigènes.

« L’un des sauvages que nous avions amenés, dit Champlain, commença à faire sa harangue, de la bonne réception que leur avait fait le Roi, et le

  1. Édit. 1603, p. 1 et suivantes.