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pour prendre le commandement des vaisseaux que le roi envoyait annuellement aux Indes. Voyant le Saint-Julien tout appareillé, et connaissant ses excellentes qualités, il résolut de le prendre au fret ordinaire. Le capitaine Provençal, dont on requérait les services ailleurs, commit, de l’agrément du général, la charge de son vaisseau à Champlain. Le général espagnol en parut fort aise ; il lui promit sa faveur, et n’y manqua point dans les occasions.

Enfin au commencement de janvier 1599, Champlain partit pour l’Amérique espagnole.

Le voyage dura deux ans et deux mois. Champlain dans cet intervalle, eut le loisir de visiter en détail les lieux les plus intéressants tant aux Antilles, qu’à la Nouvelle-Espagne.

C’est ici que l’on commence à remarquer en notre auteur une qualité infiniment précieuse, celle d’observateur scrupuleux et intelligent, qui ne manque aucune occasion de servir la louable ambition de la science, aussi bien que les intérêts de la patrie. Non-seulement il tient journal comme s’il était déjà chef de l’expédition ; mais encore il note sur son passage la position des lieux, les productions du pays, les mœurs et les coutumes des habitants. Le Mexique surtout paraît avoir captivé toutes ses affections. « Il ne se peut voir, dit-il, ni désirer un plus beau pays que ce royaume de la Nove-Espaigne : grandes campagnes unies à perte de vue, chargées d’infinis troupeaux de bestial, qui ont les pâtures toujours fraîches ; décorées de fort beaux fleuves et rivières, qui traversent presque tout le royaume ; diversifiées de belles forêts rem-