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IV

AU TOMBEAU DE PHILIPPE II



Il était donc possible d’attaquer la France… Elle devait l’être sournoisement, à l’intérieur, dans la formation des deux ligues sous Henri III, dans l'assassinat de ce même roi par un illuminé, suppôt des couvents ; trois fois Paris dut être assiégé par Henri IV ; et ce n’est plus un ambassadeur espagnol, mais une garnison étrangère qui y résida. Alexandre Farnèse, fils de Marguerite de Parme, régente des Pays-Bas, réussit là où le duc d’Albe avait échoué. Il devait y rétablir l’autorité de Philippe II, chassant les Français et les huguenots d’Anvers. C’est lui enfin qui força Henri IV à lever le siège de Paris en 1590, et celui de Rouen en 1592. Mais Claire-Isabelle, la fille de Philippe II, n’a pas été désignée comme reine de France par les États de Paris. Celui que don Francès nommait le prince de Béarn, ou Vendôme, Henri IV, le fils de l’hérétique et hérétique lui-même, un Bourbon, a conquis la couronne légitime par son courage de capitaine d’aventure ; et il a eu enfin la sagesse de se faire catholique. Il a rendu à Paris les honneurs à la garnison de Philippe II qu’il a saluée : « Messieurs les Espagnols, n’y revenez plus… » L’année 1598 vit la fin de la guerre civile et de la guerre étrangère, l’édit de Nantes et le traité de Vervins.

On apporta ce dernier à l’Escurial, où Philippe II le ratifia, l’année même de sa mort. Ce traité ne dit rien d’autre que le traité de Cateau-Cambrésis. Quarante ans d’une lutte farouche ou sournoise, et dans tous les cas absolument stérile, tel était le gain de Philippe II. Le Roi Catholique devait mourir dans la petite salle carrelée, aux murs blanchis à la chaux, éclairée d’une seule fenêtre, sans meubles, avec les deux alcôves dont l’une lui servait de cabine