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ATTAQUER LA FRANCE

jesté, s’ils voulaient prendre la ville. C’étaient certains gentilshommes

catholiques qui lui avaient parlé de cela, et s’ils sont encore vivants 9

on pourra les rechercher.

Paris ! Que de fois don Francès avait dit la ville hérétique, aux mains des hérétiques, la ville de Montmorency, la ville de l’amiral, la misère des Guises et du cardinal de Lorraine à Paris ! Or voici

tout à coup Paris, « depuis l’exécution de l’amiral et de ses parti sans », la ville la plus nette et pure de l’hérésie en France. Elle devait se maintenir telle à présent. Le duc d’Anjou y restaurera

la foi catholique, libèrera la ville de ses « ennemis hérétiques », surtout des fils du connétable. Si le duc d’Alençon devenait jamais roi, don Francès croyait savoir que les Parisiens, voyant qu’aux Pays-Bas une armée était prête pour les recevoir, embrasseraient

tout ce qu’on leur dirait de la part de Sa Majesté Catholique, vu l’affection qu’ils lui portaient. Il faudrait pour cela choisir une douzaine d’hommes conside rables de cette ville, parmi ceux qui lui avaient parlé autrefois, lorsqu’il était à Paris, et qui continuaient de le faire avec son suc cesseur.

La ville de Rouen, maltraitée par les hérétiques et depuis quatre ans par Montmorency, à ce que certains avaient rapporté à don Francès, se livrerait volontiers à Votre Majesté. Tel était le conseil, le recuerdo de don Francès. Et dans le rac

courci le plus saisissant, il a dit de notre pays, pour l’édification de tous, et la honte de ceux qui n’ont pas craint et ne craignent pas

de vouloir la guerre civile, et la lutte des partis : LA FRANCE N’EST PLUS QU’UN PAUVRE ROYAUME, MALGRÉ SA FERTILITÉ, RUINÉ PAR LES GUERRES CIVILES. Les rebelles s’y élèvent contre leur roi ; des intérêts privés s’y entremêlent ; partout règne une méfiance réciproque. Les hérétiques y déploient plus de ferveur avec leur religion que les partisans du roi. Depuis douze ans, cependant il n’y a pas de chef militaire, ni du côté du roi, ni du côté des héré tiques. Parmi les conseillers, les mauvais seulement ont survécu.

Les ennuis dans les Pays-Bas sont moins graves pour nous qu’il paraît. Conclusion : IL EST DONC POSSIBLE D’ATTAQUER LA FRANCE.