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CATHERINE DE MÉDICIS

chose sûre. La personne qui en avait donné la promesse existait encore, elle avait une situation dans la forteresse. Les seigneurs d’Armendaritz et autres étaient morts qui avaient offert de lui livrer Bayonne et des châteaux. Mais le seigneur de Chassagne, puissant à Bayonne, vivait encore, et pourrait reprendre l’entreprise. Il trouverait de bons compagnons pour l’aider. Quant au gouverneur de Dax, seigneur de Cipac, si on lui parlait de la part de don Francès, sans doute il écouterait volontiers. Mais le meilleur serait le gouverneur de Bordeaux, M. de Montferrand , grand catholique et fils de Catalan, très mécontent, sans ressources, qui avait perdu tous ses biens au service du roi. C’était un ennemi capital de Montmorency, et de son parti, un homme dont on pouvait attendre beaucoup de choses. Il semblait, à première vue, que Bordeaux fût trop loin de la frontière d’Espagne pour s’en emparer, mais il y avait là cependant une grande commodité par la route de mer et par le fleuve. Don Francès avait encore la promesse faite par Coconat 5, gouverneur de Brouage, de lui livrer la place, si importante à cause des salines. Car tout le peuple catholique, opprimé par les hérétiques, et par les gens de La Rochelle, aimaient là-bas Sa Majesté. Coconat était mort. Il fallait chercher un nouveau moyen pour y entrer.

Le port de Brest semblait à l’Espagnol le meilleur de toute la France. De là, on pourrait agir sur deux provinces : la Normandie et la Bretagne. Brest était alors une petite ville, peu forte, avec un médiocre château resté désemparé, ruiné en grande partie, et petitement gardé. Il serait facile de s’emparer de Brest. On avait offert à don Francès d’y conduire en sûreté la flotte et les gens de Sa Ma1. Ce personnage, qui se défendit auprès de Charles IX en 1572 d’avoir fomenté un complot tendant à livrer Bayonne aux Espagnols (Blay de Gay, Hist. Militaire de Bayonne, p. 232-237) est cependant désigné dans la lettre du 22 mars 1571 de don Francès, parmi les Basques venus à Paris, comme le plus entendu dans les affaires de son pays, et fort catholique. Ces Basques avaient donné l’assurance de s’emparer d’Oléron, de Sauveterre, de Navarretz ; ils mettaient leur espoir dans une ligue en Gayenne sous Monluc (Arch. Nat., K. 1521). 2. Je ne sais qui est ce personnage. 3. Jean de Pardailhan, seigneur de Sieprac ? 4. Charles de Montferrand, lieutenant du roi à Bordeaux (Brantôme, VI, p. 170).

5. Annibal de Coconat. D gitized by