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ATTAQUER LA FRANCE

et il y avait un bon terrain sur une hauteur pour y édifier une forteresse. Don

Francès avait déjà indiqué plusieurs fois, durant sa mission, l’état misérable et pitoyable des places tenues par la France dans le Piémont et le marquisat de Saluces, le mécontentement qu’en avait manifesté Charles de Birague, le gouverneur, et le désir qu’il avait d’entrer en rapport avec Philippe II. C’est sur l’ordre de son maître que don Francès n’avait pas commencé « cette pratique ». Le président de Birague était son frère ¹. Dans la province du Languedoc, on pouvait enfin s’attendre à beaucoup de changements. Damville, le gouverneur, qui avait de nombreux amis, se tenait à Montpellier qu’il avait fortifiée. Mais avec Fourquevaux, bon catholique, gouverneur de Narbonne, ennemi de Montmorency et de Damville, don Francès était persuadé qu’on pourrait s’entendre, si le duc d’Alençon devenait roi ; car avec le duc d’Anjou, pour lequel le gouverneur avait une grande affection, il ne s’aventurerait pas dans une entreprise. Tel paraissait à don Francès, Rouer de Fourquevaux, qui nous semblait à nous plus fidèle et plus solide, semblable au chêne dont il portait l’emblème.

Don Francès rappelait encore à Philippe II qu’il avait depuis longtemps l’offre de deux juifs de Carcassonne pour lui livrer la ville réputée imprenable. On doit pouvoir retrouver ces deux hommes. Et l’on pourrait tenter l’entreprise à l’aide du prieur Hernando de Toledo et des marchands catalans, toujours nombreux dans les villes et dans la région. La ville de Toulouse vivait dans l’inquiétude en attendant d’être fixée sur celui qui serait roi. Avec le duc d’Alençon c’était l’augmentation de la maison de Montmorency. Lui et Damville étaient les gens les plus détestés de Toulouse. La ville voyait toujours une menace dans le voisinage du Béarn et de Montauban. C’était le thème des conversations de Monluc, qui en avait rebattu les oreilles de don Francès. Envoyer à Toulouse pour se renseigner un Navarrais, qu’il avait connu à Bordeaux, homme très capable de le faire. Enfin, il était facile à Philippe II de s’emparer de la place forte de grande réputation, Saint-Bertrand-de-Comminges ; c’était une 1. René de Birague, premier président à Turin, gouverneur de Lyon, qu devint garde des sceaux, puis cardinal, 2. Le futur Henri III, D gitized by