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CATHERINE DE MÉDICIS

misérable. Le curé de la ville avait dit à don Francès, les larmes aux yeux, qu’il ne voulait pas mourir avant de devenir sujet du roi d’Espagne, et il avait indiqué tout ce qu’il fallait pour s’emparer de cette place.

Que dire de la situation en Bourgogne ? Don Francès évoquait les souvenirs de son passage à Dijon, à la suite de Charles IX, pendant le tour de France. Il avait senti à Dijon, aussi bien qu’à Langres, l’espérance parmi de nombreux religieux et hommes de gouvernement, « le grand désir d’être restitué à Votre Majesté ». Les Français l’avaient d’ailleurs noté aussi, protestant contre cette tendance. A Langres, un gentilhomme de la ville avait voulu l’héberger dans sa maison : les Français le surent, et pour l’éloigner de ce logement, prétendirent qu’il était réservé au chancelier. Pas de châteaux forts dans ces deux villes. Le gouverneur de la Franche-Comté, M. de Vergy ¹, avait de nombreux parents et amis dans ces deux villes, prêts à agir. Prendre un point d’appui dans le Dauphiné paraissait plus difficile, puisque cette province était en grande partie hérétique. Mais le duc de Savoie & y avait beaucoup d’autorité, en raison du voisinage, et de ses domaines. De même, il entretenait de nombreuses intelligences en Provence et à Marseille, et par là il avait correspondu avec don Francès. Or Marseille avait été touchée par la nouvelle religion depuis l’administration du comte de Tende. Le roi d’Espagne pouvait y débarquer des gens, dans ses galères, avec ceux du duc de Savoie qu’il tient en Piémont. Le gouverneur actuel était un grand ennemi de Montmorency, et prêt à soutenir cette entreprise. Le fils de Sampierro le Corse se mettrait du côté du duc de Savoie.

En ce qui concernait Toulon, la petite ville encore très faible, mais le meilleur port de toute la côte, don Francès avait déjà signalé à Philippe II la grande affection que les habitants lui portaient : 1. Don Francès écrit M. de Bergis. Il désigne François de Vergy, comte de Champlitte, gouverneur du comté de Bourgogne qui reçut de Philippe II la Toison d’or en 1584 (le P. Anselme, VII, 39). 2. Emmanuel-Philibert de Savoie, qui devait mourir le 30 août 1580, aussi grand soldat que politique ferme. 3. Le gouverneur de Provence était alors le comte de Carces, 4. Alphonse d’Ornano, fils de Sampierro, tombé dans la Rocca Sampierro lors d’une conjuration, le 17 janvier 1567. Alphonse, qui avait suivi son père dans ses luttes contre Gênes, élevé en France parmi les enfants d’honneur devint colonel des Corses et gouverneur de Valence.