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ATTAQUER LA FRANCE

France. Aujourd’hui il se contenterait de rappeler à la mémoire royale les circonstances qu’on trouve entre toutes les chroniques de France et de Bourgogne ¹. Chaque fois que les rois de France avaient eu des guerres ou des ennuis avec la Normandie et la Bretagne, les ducs de Bourgogne en profitèrent pour reprendre tantôt Amiens, tantôt Saint-Quentin, Péronne ou d’autres villes frontières ; et lorsque les Bourguignons se trouvaient par contre dans l’embarras, les rois de France agissaient de leur côté suivant les mêmes procédés. Le point sensible demeurait la situation toujours troublée, hésitante des Pays-Bas. La défiance des habitants envers les Espagnols venait des impositions, des mauvais traitements qu’on leur avait fait endurer depuis treize ou quatorze ans, de la crainte du changement de religion. Et d’autre part, les habitants des Pays-Bas n’avaient pas grande confiance dans la France, dont la pauvreté et les divisions leur paraissaient extrêmes. Mais la plupart des gouverneurs des frontières de la Picardie étaient des hommes de Guise, et de confession catholique. Si le duc d’Alençon devenait roi, il serait facile, ainsi que les villes, de les bien disposer en faveur du roi d’Espagne, par l’action du cardinal de Lorraine (tel est le projet de la première forme de ligue dans le Nord de la France, en cette Picardie où les Châtillons, les Montmorency et Coligny avaient été rois). Voilà le premier réduit à organiser. Il y en avait d’autres Exploiter l’espérance que Metz, Toul et Verdun avaient de revenir à l’Empire. Ainsi à Metz le roi de France avait dû entretenir à la fois les luthériens et les catholiques. Luthériens, tous auraient eu une velléité de retourner à l’Empire ; catholiques, ils eussent manifesté les mêmes sympathies au roi d’Espagne. La forteresse de Metz, construite sur la colline, représentait le pouvoir du roi, mais isolée sur la hauteur, celle-là que critiquait déjà le connétable. Même situation à Toul où les sentiments étaient plutôt hérétiques et hostiles au roi d’Espagne ; mais à Metz la catholique, où l’on commençait aussi d’édifier un château, l’évêque était bien disposé envers l’Empereur et l’Empire. Mézières était la place la plus propre à assaillir du côté des Etats espagnols. Vingt à trente soldats formaient la garnison de cette cité 1. Ce texte est important, nous montrant que la lecture de Commynes était demeurée la leçon de l’histoire pour les diplomates. 2. François, le frère de Henri III. D gitized by