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III

IL EST POSSIBLE D’ATTAQUER LA FRANCE



Sous le prétexte de porter ses condoléances à la reine-mère, il convenait, conseillait don Francès, que Sa Majesté envoyât en France une personne exprès qui avec l’ambassadeur (Zuñigat successeur de don Francès) saurait ouvrir les yeux pour voir et pénétrer les choses, les diriger au mieux pour le service de Dieu. Et tous deux[1] relèveraient le courage des catholiques, du cardinal de Lorraine, et exprimeraient le désir de Sa Majesté de voir succéder à Charles IX le duc d’Anjou : « Si j’ose le dire, avec une humilité et parfaite sincérité, ce serait un notable préjudice causé au service de Dieu si Votre Majesté ne montrait pas le désir de favoriser le parti catholique. Les catholiques s’affaibliraient autrement, et pourraient alors se joindre aux huguenots, ce que l’on voit d’ailleurs déjà (c’est le parti des politiques, le tiers parti qui finira cependant par triompher en France, que don Francès devine et définit très heureusement. Ce sont les modérés). Et si Votre Majesté se prononce pour le duc d’Anjou, il l’obligera à rester bon catholique, et reconnaissant envers elle, de même que la reine-mère. »

Telle serait la main-mise de l’Espagne (et telle elle fut) dans les affaires de France.

Puis don Francès entrait, on peut le dire, dans une autre stratégie que celle de la diplomatie, en vieux soldat et artilleur qualifié qu’il fut d’abord. Il indiquait la manière de faire tomber notre pays par la division, de l’investir sur ses points faibles, et, à l’aide des espions, de le cerner.

Déjà au terme de sa mission, vers 1571, don Francès avait fait à Philippe II un rapport sur la situation des provinces et des villes de

  1. L’envoyé extraordinaire et l’ambassadeur Diego de Zuñiga.