Page:Champion - Catherine de Médicis présente à Charles IX son royaume, 1937.pdf/469

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
455
LA MAIN DE DIEU

souhait que le duc d’Anjou succède comme roi en France à Charles IX, car il s’est toujours montré bon chrétien, et les hérétiques le détestent à cause des victoires qu’il a remportées sur eux. Il n’aime pas les Montmorency, ni leur maison ; il porte par contre affection aux Guises, et tient aux conseils du cardinal de Lorraine, des ducs de Montpensier et de Nevers. Espérons que ceux-là l’arracheront à la domination de sa mère ! Elle favorisait, semblait-il, en ces jours le duc d’Alençon. Mais il paraissait évident toutefois qu’elle s’efforçait de faire du duc d’Anjou le roi de France[1]. Déjà, elle brassait un mariage, celui de la Reine très Chrétienne, veuve de Charles IX, si docile, pour s’assurer du pouvoir, et pour garder cette apparence d’amitié à Philippe II, qui exaspérait tellement don Francès.

Charles IX avait été emporté par la phtisie. Le duc d’Anjou vivrait-il plus que son frère ? la chose paraissait douteuse ; Henri avait une fistule dans l’ail, et sous le bras droit una fuente (une fontaine, sans doute une humeur froide qui est en effet un stigmate fréquent de la tuberculose[2]) : on s’en aperçevait lorsqu’il faisait le signe de la croix. Son teint, la pâleur de son visage indiquaient un mauvais état de santé. Il avait cessé de prendre duvin, ne buvant que de l’eau, ce qui lui fut bien utile, car autrement il serait déjà mort. De toutes façons, il convenait de s’attendre à de graves événements, si le duc d’Anjou aussi bien que le duc d’Alençon devenait roi. Avec le duc d’Anjou, il уy avait seulement un péril moindre pour la foi catholique et pour le royaume. Avec le duc d’Alençon, le danger semblait plus grand…

  1. Il s’agit naturellement du futur Henri III.
  2. Le texte de don Francès est tout à fait net et l’indication qu’il donne est beaucoup plus acceptable que les hypothèses proposées sur le mal des Valois.