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CATHERINE DE MÉDICIS

Charles IX et Catherine de Médicis en avaient cependant revendiqué l’honneur, mais par intérêt, par bravade, alors que leur passé démentait cette attitude.

Charles IX devait mourir à vingt-quatre ans, au château de Vincennes, rongé par la tuberculose comme ses frères. Le triste adolescent était demeuré sous le choc de la tragédie du 24 août. Élevé par une nourrice huguenote[1], que don Francès avait bien connue, c’est toujours elle qu’il avait réclamée, dans les heures troubles de la fin, tourmenté par le sang versé, par l’image de celui qu’il avait nommé son père : « Ma nourrice… que de sang ! »


Dans ces jours du grand été de Madrid, où vibre la plus tangible des lumières, dans la capitale de la foi orthodoxe, sur le haut plateau de la Sierra, chez lui, loin de chez nous, don Francès ancien ambassadeur, et plus qu’informateur soldat et espion, contemple toujours ce combat. C’est là qu’il rédige, si l’on veut, ses souvenirs : Recuerdo sobre las cosas de Francia de don Frances en Madrid, ce 23 juin 1574.

« G. de Zayas m’a dit que Votre Majesté me demande une relation des affaires de France, après la mort de Charles IX. C’est un grand mystère du Ciel que lorsque le roi Henri II eut pris la décision de châtier les hérétiques et les rebelles[2] de ce royaume, il quitta notre siècle. Et lorsque le roi François II a pris la même détermination, tenant prisonnier le prince de Condé et d’autres, il fut également emporté. Et voici que le roi Charles IX qui devait mettre bon ordre aux choses de la foi, vient de mourir, lui aussi… »

C’est le Seigneur qui l’a permis pour les péchés de la Chrétienté, et qui fait que ce fléau nous accable depuis quatorze ans ! Que Dieu veuille, en son infinie bonté, dans sa miséricorde, qu’à Charles succède un roi tellement chrétien et prudent qu’il puisse gouverner et échapper à la tyrannie et domination de sa mère. — Tel est le vœu, assez surprenant, de don Francès qui n’a pas désarmé, et voit toujours dans Catherine de Médicis l’ennemie de son pays.

L’autre fait, qu’il indique, nous serait incompréhensible, si on oubliait que le duc d’Anjou était roi de Pologne. L’ambassadeur forme le

  1. On peut noter que son adoration, à Orléans, se manifesta pour la belle Marie Touchet, également une réformée.
  2. Le mot rebelle est devenu, un peu auparavant, synonyme d’hérétique. Il veut dire les réformés.