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II

LA MAIN DE DIEU



Pour la dernière fois, à Madrid, le 23 juin 1574, don Francès de Alava fut prié, par G. de Zayas[1] de donner un avis sur la situation de la France.

Il y avait exactement trois ans que don Francès avait quitté notre pays. Mais on l’estimait toujours, à juste titre, comme un homme parfaitement informé, et dont le conseil était de poids.

Que d’événements depuis 1571 ! D’abord le massacre si imprévu des huguenots à Paris au jour de la Saint-Barthélemy (24 août 1572) à la suite d’un attentat commis sur la personne de l’amiral. Gaspard de Coligny était tombé trois jours avant, arquebusé par un partisan des Guises, suivant le vieux plan élaboré par les fanatiques que nous avons rencontrés déjà, un peu avant l’entrevue de Bayonne. Il était tombé, l’amiral, celui que Charles IX nommait son père, mort on peut le dire pour le service de la France, parce que les Espagnols craignaient qu’il fit décider l’expédition des Pays-Bas, avec les Français unis ou avec les huguenots seuls. Il était tombé, comme ses hommes en Floride, pour le roi et pour la France.

Les jours qui suivirent ne furent que la tragédie de la peur, avec le massacre des huguenots, et parmi eux, des riches. Car la Saint-Barthélemy est l’intermède honteux d’un soulèvement où la lie de la population parisienne a massacré, dans la confusion, huguenots et catholiques pour les voler. Occidat illa dies, comme a dit de Thou. C’est bien ce qu’on peut penser d’humain de la triste journée.

L’épisode avait d’ailleurs surpris tout le monde, l’Espagnol d’abord et le pape ensuite.

  1. Secrétaire d’État de Philippe II.