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LE TESTAMENT DE DON FRANCÈS

Les autres ambassadeurs d’Italie portaient grand respect au roi d’Espagne. L’ambassadeur d’Angleterre avait toujours témoigné à don Francès une amitié personnelle et tous les égards nécessaires pour son maître. Don Francès avait enfin entretenu de bons rapports avec le Piémontais Coconat, capitaine des gardes suisses du duc d’Anjou, bon soldat, plein de valeur, réputé très bon catholique, terriblement détesté par les huguenots, et qui était décidé de passer au service du Roi Catholique. Pour les affaires du Piémont et de la Lombardie, Francès de Alava s’adressait aussi à ce médecin italien, Cavriana, serviteur du duc de Nevers, et que pensionnait en secret le duc de Florence. Cavriana, homme de la plus haute intelligence, était le médecin de Catherine de Médicis ; on voit que l’habile homme ne servait pas moins de quatre maîtres. Il y avait par contre peu de choses à tirer du médecin de la reine de France, Budart et de son neveu du même nom. Un autre homme dont il importait d’avoir la faveur était l’aumônier de la reine-mère, Vercelli, auparavant serviteur du cardinal de Ferrare, homme fort intelligent, mais très prudent, qu’il conviendra à son successeur d’aborder en souvenir de leur amitié. « Lorsque la reine-mère me montrait beaucoup de faveur et de grâce, c’était toujours pour me tromper en quelque chose ; et lorsqu’elle me nommait señor 5, ce qui arriva plus d’une fois, c’était le signe qu’elle avait peur et crainte du Roi Catholique, ou qu’elle soupconnait que les huguenots allaient prendre les armes contre son fils ». Pratiquement don Francès laissait ces indications utiles à son successeur. Suivre le roi, chaque fois qu’il ira à Compiègne ou en Picardie, et laisser à Paris quelqu’un d’intelligent pour observer ce qui se passe dans les finances, et le travail qui se poursuit à l’Arsenal, si on fait de la poudre, s’il y a des mouvements de troupes. S’il y a quelque chose insolite, prévenir aussitôt le lieutenant du Roi Catho 1. Smith,

2. Annibal, comte de Coconat, qui avait servi au siège de La Rochelle, et qui devait être décapité, impliqué dans le complot de La Mole, comme ayant favorisé la fuite du duc d’Alençon. 3. Filippo Cavriana, médecin de Mantoue, amené en France par le duc de Nevers, médecin de la reine-mère, dont la remarquable correspondance a été publiée par E. Desjardins, Nég. diplomatiques de la France avec la Toscane, t. III et IV.

4. Ce personnage n’est pas autrement connu. 5. Mon ami, est également mauvais. C’est le terme dont usait Catherine dans les réprimandes. D gitized by