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CATHERINE DE MÉDICIS

du roi en Piémont, était un gentilhomme très catholique, et homme de bien ; mais il venait de perdre une jambe dans une poursuite des huguenots ¹, et par là semblait diminué dans son autorité. Quant au duc de Guise voici sa terrible fiche par l’ambassadeur d’Espagne : « Jeune homme libertin, desgarrado, a la réputation d’être plutôt brave qu’intelligent : reçoit toujours avec beaucoup de plaisir les dons que lui envoie Sa Majesté Catholique. » M. de Nemours 3, qui avait épousé la belle duchesse de Guise, se plaignait toujours du roi et de la reine-mère, disant à l’ambassadeur qu’on ne l’utilisait pas assez, sinon pour garder son amitié… Quant à M. d’Aumale, le meilleur soldat que l’on ait, très actif, grand serviteur du roi, Francès de Alava le tenait pour un trompeur et un homme peu sincère : aussi ne s’adressait-il jamais à lui, sinon pour entretenir l’affection qu’il montrait envers Sa Majesté Catholique.

A l’usage du futur ambassadeur, qui viendrait le remplacer, don Francès résumait les indications les plus utiles pour lui. Les affaires du Pays-Bas étaient traitées par MM. de Morvilliers et de Limo ges. Quant on parlait des pirateries au roi et à la reine-mère, ils promettaient toujours de donner un ordre pour satisfaire l’ambassadeur d’Espagne, mais en réalité, ils n’en faisaient jamais rien. Les gens du conseil paraissaient intéressés dans les opérations, et touchaient une partie du butin 7, surtout le cardinal de Bourbon, l’amiral et Biron et d’autres du parti hérétique qui avaient persuadé au roi et à la reine que la piraterie était le meilleur moyen de faire sortir les mauvaises gens et les séditieux du royaume. Les nonces semblaient difficiles à gagner au Roi Catholique car lorsqu’ils arrivaient, on les excitait avec cet espoir d’avoir le chapeau. 1. Blessé le 19 février 1569 par des vassaux huguenots rebelles, d’un coup qui parait avoir modifié son caractère et le toucha dans sa santé. 2. C’est le fameux Henri, duc de Guise, alors âgé de vingt et un ans, qui sera assassiné à Blois par l’ordre d’Henri III. 3. Jacques de Savoie, marquis de Saint-Sorlin, brillant colonel général de la cavalerie, qui eut de nombreux succès féminins, modèle d’élégance. Il était alors fort travaillé par la goutte, et l’assiduité qu’il montrait envers son épouse prêtait à sourire. 4. Claude de Lorraine, frère de François de Guise, qui sera tué en 1573 au siège de la Rochelle. 5. Jean de Morvillier, évêque d’Orléans. 6. Sébastien de l’Aubespine. 7. On en voit un exemple dans les interventions de Gaspard de Coligny D gitized by