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CATHERINE DE MÉDICIS

Le duc d’Anjou avait toujours montré un grand respect à l’ambassadeur de Sa Majesté Catholique, et d’une manière générale il était très poli et bref, sachant d’ailleurs peu de choses. Chaque fois que l’ambassadeur avait provoqué ses confidences, et même spon tanément, il avait répondu que, tant qu’il vivrait, il aurait dans la pensée de maintenir l’amitié entre le roi son frère et Sa Majesté Catholique. Il se donnait enfin comme si dévoué à la Chrétienté que tous les Français en riaient ; mais sa mère l’en louait grandement, car il semblait qu’elle le lui faisait dire. Un de ses projets était de reprendre au pape l’Etat d’Avignon, et de garder néanmoins la réputation d’un bon chrétien dans les affaires d’Italie ¹. Celui qui avait le plus d’influence sur le duc d’Anjou était Birague, et parmi les maréchaux, Tavannes. Alors le duc d’Anjou inclinait plus du côté des Guises que du côté des Montmo rency.

4 Son frère le duc d’Alençon comptait pour peu, homme très vicieux, faisant le catholique, mais bien plutôt le chef des athéistes. Son gouverneur était Saint-Sulpice, personnage de peu de consistance. Quand il assistait au conseil, le duc d’Alençon n’obéissait en rien au duc d’Anjou, et même se querellait avec lui. Il ne savait répondre avec esprit ni à l’ambassadeur ni à personne. Tout ce qui sortait de la bouche de son entourage n’était que tromperie, << burleria >>.

Le frère bâtard du roi, le chevalier d’Angoulême, était mauvais à tous les points de vue, mais d’un esprit très vif, grand ami de Montmorency, de l’amiral et de ses partisans. Mme Marguerite de Valois, très vertueuse princesse, beaucoup plus intelligente qu’aucun de ses frères, se montrait sensible à la louange 1. C’est ici une ironie où se complaisait l’esprit de don Francès. 2. Nous avons vu plus haut le rôle de René de Birague auprès de Catherine de Médicis.

3. Gaspard de Saulx-Tavannes qui fut son conseiller technique dans les affaires de la guerre et gagna les victoires du duc d’Anjou. 4. François d’Alençon, qui avait alors dix-sept ans. 5. Jean Ebrard, baron de Saint-Sulpice, ambassadeur en Espagne, gouverneur du duc d’Alençon.

6. Henri d’Angoulême, fils naturel d’Henri II, et de lady Flaming, grand prieur de France, tué à Marseille en 1586 par Altoviti. Splendide, dépensier, Brantôme représente cependant le gouverneur de Provence comme un homme de bien, et de « raison ».