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LE TESTAMENT DE DON FRANCÈS

445 sur lesquelles elle mettait la main bien qu’on sût que tout allait en édifices ¹, que tout était perdu par conséquent. » Francès de Alava parle maintenant du duc d’Anjou, bon et d’un excellent naturel, très doux, très mou, très jeune fille « muy ninfa », tout adonné aux dames. L’une lui regarde la main, l’autre le tire par les oreilles ; car il passe ainsi une bonne partie de son temps. Cependant la reine-mère l’avait mis aux affaires, et il avait entre les mains (ses jolies mains) la direction de la guerre. Il assistait également le roi son frère dans tous les conseils ; mais on ne lui accordait pas beaucoup de goût pour les affaires, ni même d’intelligence, mais bien plutôt une grande faiblesse, « floxedad grande >>.

On disait alors que la reine-mère l’avait encouragé à devenir amoureux d’une dame, la Rouete 3, qu’elle avait mariée présentement. Par ce moyen, Catherine de Médicis savait toutes ses pen sées ; et par là aussi elle avait connu celles du duc de Vendôme (le père du futur Henri IV). Après le mariage de cette Rouete, la reine-mère avait remis son fils aux mains d’une autre dame catholique, appelée la Châteauneuf 4, mais pour le même objet, et il s’en montrait fort épris. 1. Ce témoignage est fort intéressant. On a des vers de Ronsard sur les dépenses somptuaires de Catherine de Médicis en faveur de ses constructions, les Tuileries, etc. Et le poète, laudateur par habitude, lui en fait le reproche. 2. C’est le futur Henri III. 3. La Rouete est Louise de La Béraudière, demoiselle de Rouet, dite la belle Rouet, fille de la cour. Mariée premièrement à Louis de Madaillan, seigneur de Lesparre, baron d’Estissac, mort en 1565 ; remariée en 1573 à Robert de Combault, seigneur d’Arcis-sur-Aube, maître d’Hôtel du roi, qui fut fait en 1583 chevalier du Saint-Esprit (Estoile, I 350, 351 ; II, 47). Ün pasquin de 1581 a dit d’elle : . C’est celle qu’on nomme Ronet Qui en prend à gauche et à dret (Estoile, II, 47). Le legs à Combaud : Le Rouet du Cocuage, dit assez de quoi il s’agit. La Rouet était alors une jolie veuve pour qui rima Brantôme amoureusement (X, 418, 420). Le Père Anselme assure qu’Antoine de Bourbon eut d’elle un enfant en 1554 : Charles de Bourbon, qui deviendra archevêque de Rouen (Anselme, I, 144).

4. Le Soleil de Châteauneuf (Brantôme, X, 433), une autre beauté éblouissante, pour qui parla le poète Desportes. Brantôme a célébré sa beauté et ses tresses blondes dans ses vers (X, 435). C’est Renée de Rieux, fille d’honneur, dite la Belle Châteauneuf, une liaison très chère au fatur Henri III entre 1570 et 1573. Elle devait épouser Philippe Altoviti, capitaine des galères à Marseille. Cf. J. Lavaud, Philippe Desportes, 1936, p. 136, 150. D gitized by