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CATHERINE DE MÉDICIS

messes, en disant : « Vous verrez que les choses iront bien… peu à peu… »

Des espions, Catherine de Médicis en avait toujours, surtout auprès de l’ambassadeur d’Espagne et des gens de sa suite. Elle faisait d’immenses efforts pour être renseignée, quand elle avait lieu de craindre quelque chose de la part de Sa Majesté Catholique. faisant voler, sans vergogne, ses paquets et ceux de ses ministres. Et après, elle essayait de les apaiser par des paroles très humbles et dissimulées. Les plis envoyés d’ici étaient toujours en danger : « Il est certain qu’ils ont dérobé le sceau de Sa Majeste, et dès que les ambassadeurs arrivent, ils dérobent leur cachet, ce qui n’est pas d’ailleurs une chose difficile… » Tout cela pour pouvoir se procurer lesdits paquets. Et comme ils allaient par la poste, c’était pour eux facile de les copier. « La chose qu’elle entend avec le plus de plaisir, et qui la satisfait le plus, c’est de louer devant elle ses fils, et la peine qu’elle a prise à les élever si vertueux, au milieu de tant de difficultés, en lui rappelant à l’occasion les deux victoires que le duc d’Anjou avait gagnées à dix-neuf et à vingt ans… Catherine entretenait une étroite amitié et une correspondance secrète avec la duchesse de Savoie ; et une plus grande encore avec l’Angleterre… Don Francès constatait que la reine-mère avait l’art de se procurer de l’argent, sans comprendre d’où elle pouvait l’avoir, Car ce qu’elle arrachait venait surtout des impositions mises sur les gens de Paris ; et quand on en levait en d’autres villes, elle laissait faire aux financiers qui les rassemblaient ou les vendaient avant de les prendre.

A Paris, au contraire on établissait une imposition de deux cent mille écus ; si les marchands, pour leurs profite, arrivaient à l’acheter en plus, elle se fâchait et s’indignait contre eux. Elle la faisait calculer avant de l’asseoir et ils arrivaient à tirer de celle-là de deux cents jusqu’à quatre cent mille. « Ce sont ces ressources 1. La chose était naturelle. Il s’agit de Marguerite de France, duchesse de Savoie, femme d’Emmanuel-Philibert. Elle mourut le 18 septembre 1574, méritant la louange de tous les Français, et des lettres. Elle passa pour l’incarnation de la Vertu.

2. Les lettres à Elisabeth ne sont cependant pas très nombreuses. Mais on peut croire à une correspondance avec un tiers. 3. Cela est toujours vrai. D gitized by