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CATHERINE DE MÉDICIS

inclinations naturelles et que peu à peu tout s’arrangerait…, « poco a poco se yria remediando todo… >> Francès de Alava se souvenait d’un mot analogue, qu’il y avait neuf ans lui avaient dit Chantonnay et Cipierre, en murmurant contre la reine-mère. On estimait que c’était Marguerite de Valois qui avait fait revenir son frère à la foi catholique. Mme de Crussol (la duchesse d’Uzès) estimait que le duc d’Anjou avait été cinq ans huguenot ! Le fait semblait admis par tous. Francès de Alava répétait, avec une variante, le mot du duc d’Anjou à Mme de Chantonnay : « Madame l’ambassadrice, je suis un petit huguenot, mais je deviendrai grand ! » Toujours fidèle à son jeu de bascule, après la bataille de Jarnac, Catherine de Médicis avait marqué une tendance à soutenir alors le parti abattu des réformés. Elle avait mis le roi, son fils, entre les mains de Montmorency et de l’amiral Coligny, en excluant les Guises. Mais en prévision de ce qu’un jour, le roi aurait près de lui Montmorency et l’amiral, tout puissants, elle avait donné l’armée au duc d’Anjou, éloignant les hérétiques qu’elle avait mis auprès de lui. Le premier fut Carnavalet, qui mourut de chagrin. La reine-mère lui avait alors donné comme gouverneur Villequier 2, gentilhomme de sa Chambre, tenu pour très catholique, homme de peu d’esprit, et Lignerolles d’un tempérament inquiet et quelque peu méchant, mais catholique. Alors la reine-mère se trouvait elle-même sous la direction de MM. de Morvilier et de Limoges 5. M. de Limoges (Sébastien de l’Aubespine) était un homme d’une audace de tous les diables, au langage grossier. M. de Morvillier, évêque d’Orléans, chancelier, avait plus de retenue. Car en vérité il montrait plus de prudence et de réflexion que tous les autres conseillers. Froid, très froid, en ce qui touchait les choses de la religion. Bien qu’il eut le renom de catholique, don Francès le tenait pour aussi hérétique que l’autre. Et quand il s’agissait de vouloir tromper l’ambassadeur du Roi 442

1. François de Montmorency. 2. René de Villequier, qui fut gouverneur de Paris, et accompagna Henri III en Pologne. Il assassina sa première femme surprise en adultère. 3. Philibert, seigneur de Lignerolles, ambassadeur. 4. Jean de Morvillier, évêque d’Orléans, chancelier. Esprit fin et timoré, suivant Brantôme.

5. Sébastien de l’Aubespine, abbé de Basse-Fontaine, évêque de Limoges Envoyé en Espagne comme ambassadeur. D gitized by


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