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LE TESTAMENT DE DON FRANCÈS

d’honneur qui la conduisait toujours par le bras, insignifiant ; et la comtesse sa femme était la troisième femme de chambre, plus simple encore.

Mais entendons surtout don Francès, sur son départ, nous dire, après sept ans de rapports si fréquents, sa pensée sur la reine-mère. C’est le portrait définitif de Catherine de Médicis qu’il laissera à Son successeur.

« En parlant avec le respect qui convient, la reine-mère est tenue pour très libérale, amie des plaisirs, des banquets et des fêtes, ennemie des ennuis. Résolue à maintenir le gouvernement qu’elle tient de cette couronne, on croit que c’est la raison de la faiblesse qu’elle montre dans les affaires touchant notre sainte foi catholique, et aussi pour le bien de ses fils. Et elle est toujours décidée à suivre le chemin qu’elle a choisi après la mort de son fils le roi François II, lorsqu’elle a pris en main le pouvoir s’aider des contrepoids, notamment contre le service de Dieu, et pour le tort du roi son fils. Le premier point qu’elle commença à mettre en œuvre fut que ledit roi devait suivre la foi qu’on lui avait donnée, dès l’enfance, catholique et bonne ; et c’est pourquoi elle l’avait confié à M. de Cipierre, pour l’élever, qui fut en vérité un des hommes les plus catholiques du royaume. Mais elle avait par contre donné le duc d’Anjou à un gouverneur, Carnavalet, faisant cela, comme elle l’a avoué depuis qu’il est morts, pour qu’il fût enclin à devenir huguenot, ou qu’il le mit du moins sur ce chemin. Ainsi Carnavalet commença à en faire la démonstration, instruisant le duc d’Anjou de telle sorte qu’en peu de jours il fut réputé pour un huguenot. Et lui-même disait alors : « Je suis un petit huguenot, mais par la suite je serai grand huguenot ! » Certaines personnes l’entendant parler ainsi, le rapportèrent à la reine, entre autres le cardinal de Tournon. Elle avait répondu : ce sont là des ambassadeur, qui avait traité le mariage de la reine à Vienne ; parent de Cornelio de Fiesque, capitaine des galères, Gênois naturalisé. 1. Philibert de Marcilly, seigneur de Cipierre, lieutenant du prince de la Roche-sur-Yon, qui parlait trois langues. Brantôme lui donne une grande louange.

2. Le futur Henri III. 3. François de Kernevenoy (Carnavalet), premier écuyer de Henri II, breton qui dressait les chevaux, et instruisit les enfants. Ronsard a souvent parlé de lui, avec de grands éloges, comme d’un homme lettré. La date de sa mort, le 18 avril 1571 est donnée dans le ms. fr. n. acq. 9.175, fol. $97 (voir Jacques Lavand, Philippe Desportes, 1936, p. 46).


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